C'est en voulant illustrer une généalogie nobiliaire européenne compilée par nos soins, regroupant plus de 12.000 individus, que nous avons commencé à dessiner des blasons. La tâche étant immense, l'idée nous est venue de développer un programme qui dessine le blason à partir du blasonnement.
Sans doute n'avions-nous pas conscience que la création de l'outil était encore plus démesurée que la tâche qu'il devait réaliser !
Nous aurons mis 5 ans, en nous basant sur les traités du XVI° au XIX° siècles, les études héraldiques du XX° et l'étude de plusieurs milliers de blasonnements, à définir les préceptes du traitement graphique des blasons, puis 7 ans à structurer l'analyse sémantique permettant de les appliquer.
La solution s'articule autour de 3 grands sujets : le format informatique universel décrivant un écu, l'interprétation de ce fichier pour en obtenir un dessin, et l'analyse sémantique permettant la compréhension de la description héraldique pour établir le fichier. Ces trois sujets partagent une même organisation, elle-même basée sur les règles héraldiques de construction d'un écu. |
Ces règles décrivent l'écu en commençant par le fond : le champ. Celui-ci est une couleur pleine ("d'azur"), ou une sécante partition ou rabattement ("fascé de gueule et d'or") ou un semis ("d'azur semé de fleurs de lys d'or").
On décrit ensuite le motif principal, presque toujours placé au centre de l'écu : on indique le nom de ce motif, la façon dont il est peint (couleur, sécante partition ou semis), des attributs qui précisent des variantes du dessin ou des couleurs ("au lion d'argent couronné d'or, armé et lampassé de gueule"). Lorsqu'il y a plusieurs motifs identiques, Heraldys crée une matrice ("trois fleurs de lys d'or").
Le champ, le motif et la matrice sont des dessins, qu'Heraldys réunit au sein d'une section, qui suffit à décrire les écus les plus simples ("fascé de gueule et d'or, au lion d'argent couronné d'or, armé et lampassé de gueule"). Une section est, elle aussi, un dessin, constitué, donc, d'un ou plusieurs dessins. Lorsqu'une section regroupe plusieurs sections placées à des emplacements différents, on obtient une partition de l'écu. Un écartelé, par exemple, regroupe quatre sections placées aux quatre cantons de l'écu.
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L'analyse sémantique consiste donc à regrouper les termes du blasonnement en ses éléments fondamentaux : couleurs (au sens large), motifs avec leurs qualificatifs et leurs couleurs, sections simples avec leurs emplacements, partitions. Nous nous sommes lancés dans cette aventure car le langage héraldique est très codé, presque mathématique. C'était sous-estimer les innombrables variations permises par notre langue, mais nous tentons d'en intégrer le plus possible.
La gestion des fichiers consiste à traduire ces éléments selon un format normalisé. Il s'agit d'un document texte avec une structure répondant au standard XML, dont le schéma est ouvert à tout partenaire disposant de quelques compétences informatiques. Grâce à ce format, il devient envisageable d'effectuer les recherches souhaitées par quelques universitaires, où l'on distingue le terme et son rôle : la fasce est une pièce honorable, mais dans "une épée posée en fasce", c'est une orientation, et dans la locution "à trois fleurs de lys rangées en fasce", c'est une disposition.
Pour réaliser le dessin, chaque élément est interprété par différents modules informatiques, avec la même répartition des tâches : couleurs, motifs, sections. La difficulté a été de faire faire à un programme informatique ce que tout dessinateur ferait sans difficulté : répartir des objets agréablement, ou disposer une frise sur une ligne.
A fur et à mesure de la mise à disposition des versions, de nouveaux motifs et la prise en compte de nouvelles structures sémantiques font évoluer le fichier et donc la prise en charge d'un nombre toujours croissant de blasonnements. Il nous semble qu'aujourd'hui la solution peut offrir un service pertinent à tout ceux que l'héraldique intéresse.
Courant 2024, nous avons mis en place un partenariat avec Généanet afin de mettre nos travaux à disposition du plus grand nombre, en illustrant la compilation d'armoriaux réalisée par Arnaud d'Abzac, des écus dessinés par l'API Heraldys.
Cette API est aussi disponible pour ceux qui souhaiteraient illustrer leur site ou offrir un nouveau service à leurs utilisateurs.
Enfin, nous sommes ouverts à toute proposition de collaboration dans l'objectif d'améliorer la solution et sa diffusion.