Heraldys - Le Blason des Écus

L'héraldique de la cour d'honneur

contribution de Joseph-Gabriel RIVOLIN à l'ouvrage « Il Castello di Issogne in Valle d'Aosta » édité par Sandra BARBERI aux éditions Umberto Allemandi & C. sous l'égide de la superintendance des biens culturels de la région autonome du val d'Aoste. (Traduit de l'Italien).


La cour d'honneur présente un impressionnant armorial, qui serpente le long des murs. Il est divisé en trois secteurs distincts :

• Sur la façade intérieure de l'aile ouest et sur la tour qui en fait saillie (façade I à V) se trouvent les armoiries des ancêtres des différentes branches de la famille et de ses membres qui se sont le plus distingués dans le domaines religieux, militaire et civil : c'est le « Miroeyr pour les enfens de challant », comme l'indique le cartouche placé sous la triple rangée d'écussons au centre.

• Le corps central (façade VI) est dédié à l'étroite relation qui unissait la maison Challant à la dynastie savoyarde

• Sur les autres murs (façade VII à IX) courent une frise de blasons, qui évoquent les alliances matrimoniales les plus prestigieuses de la famille




Le « Miroeyr pour les enfens de Challant » (façades I à V)

La série des blasons du Miroir commence à l'extrême gauche, sur le mur Est de la tour. Les reproductions de la fin du XIXe siècle, présentent des traces de deux panneaux de plâtre rectangulaires superposés, portant des fresques, aujourd'hui non identifiables. Dans celui du haut (n°1) on peut deviner la trace d'un écu chargé de deux clefs posées en sautoir et surmonté d'une tiare. Dans le deuxième (n°2), à la hauteur du second étage du château, on devine la présence d'un aigle au vol déployé. Il s'agissait probablement des armoiries papales (de gueules à deux clefs posées en sautoir, celle en bande d'or, l'autre d'argent, nouées du champs) et celles de l'empire (d'or à l'aigle de sable), hommage respectivement au Saint-Siège, dont Georges de Challant était protonotaire, et à l'autorité suprême dont la famille tirait formellement sa juridiction.

[D'or à l'aigle de sable sont aussi les armes de la vicomté d'Aoste à laquelle la famille de Challant a toujours été attachée, jusqu'à en écarteler leurs propres armes (comme Aimon, vicomte d'Aoste, seigneur de Cly). NDLR]

La disposition des blasons sur les façades intérieures du château suit une logique rigoureuse. le décor se développe sur trois registres imbriqués : en haut se trouvent, en position proéminente, les armes d'une duchesse de Savoie et les ecclésiastiques de la famille.

Le premier (n°3) se dresse au sommet, sur le côté nord de la tour, c'est un écu parti : de gueules à la croix d'argent (Savoie) et d'argent au chef de gueules (Montferrat) : le cartouche qui l'accompagne porte l'inscription Blanche d[e Mon]tf[err]at duchesse d[e Savo]ye , fille du marquis Guillaume VII et veuve du duc Charles Ier de Savoie, régent de l'Etat de Savoie pour son fils mineur Charles Jean Amédée de 1490 à 1496 : c'est une référence à l'origine, supposée commune, de la famille Challant et des marquis de Montferrat.


La série des prélats

A droite de la tour, sous la loggia, les écus « d'argent au chef de gueules à la bande de sable brochant » des Challant qui se sont distingués au sein de l'Eglise. De gauche à droite :

• François de Challant, évêque présumé de Genève, que d'anciennes généalogies font fils d'Aymon, seigneur de Fénis et d'Aymavilles ; l'écu est attaché à une crosse d'or en pal, avec l'inscription : Fra [nciscus de C] hal [lant] episcopus [Ge] bennensis (n° 4)

• Guillaume de Challant, fils d'Aymon, seigneur de Fénis et d'Aymavilles, cité en 1377, élu évêque de Lausanne en 1406 et mort en 1431 : l'écu est attaché à une crosse, avec l'inscription : [G] uiller [mus de Challant] episcopus et comes L [aus] ane [nsis] (n°5)

• Pierre de Challant, fils du vicomte Godefroy Ier, élu archevêque de Lyon, dès 1253 et mort en 1287 ; l'écu est attaché à une croix (aujourd'hui invisible) et est accompagné de l'inscription : [Petrus de Challant archiepiscopus] et come Lugdunen [sis] (N°6)

• Antoine de Challant, fils d'Aymon seigneur de Fénis et d'Aymavilles, cardinal de Santa Cecilia, en 1377, archevêque de Tarentaise dès 1404, mort en 1418 ; l'écu est surmonté d'un chapeau de cardinal accompagné d'un cartouche dans lequel on peut difficilement lire : A [nthonius de Cha] ll [ant cardi] nalis [archiepiscopus Tare] ntasiensis (n° 7)

• Boniface de Challant, fils du vicomte Godefroy Ier, dès 1276, évêque de Sion en 1290, mort en 1308 ; l'écu, surmonté d'une mitre encore visible dans la documentation photographique de 1974, est attaché à une crosse et une épée posées en sautoir et est accompagné de l'inscription : [Bonifaciu] s d [e Challant episcopus Sedunenensis] prefectus et come Vallesii (n°8)

• Aymon de Challant, fils du vicomte Godefroy Ier, depuis 1254, évêque d'Aoste en 1272 et de Vercelli en 1274, mort en 1303 ; l'écu, surmonté d'une mitre encore visible en 1974, est attaché à une crosse accompagnée de l'inscription : Aym [o] de Challant episcopus et come Vercellensis (n°9)

• Boniface de Challant, fils du vicomte Ebal « le Grand », dès 1320, évêque d'Aoste en 1375, décédé l'année suivante ; l'écu est attaché à une crosse et accompagné de l'inscription : Bonifacius de Challant episcopus Augustensis (n° 10)


L'ordre dans lequel apparaissent les blasons des ecclésiastiques est hiérarchique, partant du centre, c'est-à-dire des armoiries du cardinal Antoine (n° 7). Sur les côtés de celui-ci se trouvent : à droite (c'est-à-dire à gauche de l'observateur) l'écu de l'archevêque de Lyon et à gauche l'évêque comte de Sion, préfet du Valais ; à suivre, deux autres comtes évêques : celui de Lausanne à droite et celui de Vercelli à gauche ; enfin les deux évêques de Genève (à droite) et d'Aoste (à gauche), sans le titre de comte. Ainsi, l'importance du titre l'emporte sur la généalogie et la chronologie, même si la contiguïté générationnelle a été maintenue autant que possible. Les frères François (Genève) et Guillaume (Lausanne), fils d'Aymon, et les frères Boniface (Sion), Pierre (Lyon) et Aymon (Vercelli), fils de Godefroy Ier, sont en effet regroupés respectivement à gauche et à à droite de l'observateur. : le seul élément discordant est la position centrale du Cardinal Antoine, frère des deux premiers, qui pour la raison hiérarchique évoquée est inséré parmi les trois fils de Godefroy.


La série des ecclésiastiques se poursuit, avec six blasons de prévôtés, archidiacres et chanoines, sur la loggia qui sépare l'aile ouest du corps central du château. En haut, entre le premier et le second étage, se trouvent, de droite à gauche :

• le blason (d'argent au chef de gueules à la bande de sable brochant) de Charles de Challant, depuis 1482, prévôt de Saint-Gilles à Verrès en 1484 et successeur de Georges de Challant au prieuré valdôtain de Saint-Ours en 1509; attaché à un bâton de prévôté, l'écu est accompagné de l'inscription Karolus de Challant prothonotarius et prepositus Sancti Egidii (n°11)

• un blason d'azur au chef d'or au lion issant de gueules, attaché à une crosse d'or : ce sont les armes de François de Prez, évêque d'Aoste de 1464 à 1511 (n°12)

• un blason d'azur à quatre fleurs de lys d'or 1,2,1, avec une écriture à demi effacée au bout de laquelle il est possible de lire Auguste : ce sont les armes du Chapitre de la cathédral d'Aoste (n°13)

Trois autres blasons apparaissent en bas, tous avec les armes de Challant :

• le premier, attaché à un bâton d'archidiacre, fait référence à [A]ymo de Challant condominius Castellionis archidiaconus Auguste, fils de Godefroy seigneur de Châtillon, cité dès 1270, devenu évêque de Sion en 1308 et mort en 1323 (n°14)

• le second, attaché à un bâton de prévôté, est celui de Petrus de Challant condominus Clity prepositus Auguste, fils de Godefroy Ier seigneur de Cly, documenté dès 1301, mort en 1329 (n°15)

• le troisième est le blason de Guillermus de Challant [condominus] Uselli et Sancti Marcelli, ecclesia [rhum Verce] llensis ac Paduensis canonicus, fils de Godefroy II le sénateur, cité dès 1301 et mort en 1334. (n° 16)

La logique dynastique est respectée : Charles, frère du comte Philibert (appartenant donc à la branche d'Aymavilles, à qui fut attribué le droit d'aînesse suite au décès de Jean, fils aîné de Boniface II, seigneur de Fénis, gendre et héritier désigné du Comte François de Challant ) occupe une place prépondérante vis-à-vis des représentants des branches « mineures » d'Ussel, Châtillon et Cly.


La série dynastique

On revient à la tour qui fait saillie de l'aile ouest du manoir : au niveau du premier étage, côté Est, à demi effacé, apparaît le blason du vicomte d'Aoste Godefroy I de Challant (n° 17) , considéré par les généalogies les plus anciennes comme l'ancêtre du lignage - écartelé : d'or à une aigle de sable (vicomté d'Aoste) et d'argent au chef de gueules, à la bande de sable brochant (Challant). l'inscription qui la surmontait est maintenant illisible. Sous les armoiries de Godefroy, figure celle de son épouse Béatrix, issue des comtes de Genève (n° 4), parti de Challant et d'or à quatre points équipolés d'azur. L'écu était soutenu par deux colombes dont l'une est encore visible, et accompagné de l'inscription : Bietrix de Geneve viscuntesse d'Aou[ste] et dame de Challant (n°18)

Sur le côté Nord de la tour, deux blasons sont placés sous les armoiries de Blanche de Montferrat, duchesse de Savoie. Le premier à gauche de l'observateur est écartelé : d'or à une aigle de sable (vicomté d'Aoste) et d'argent au chef de gueules, à la bande de sable chargée de trois roses d'argent boutonnées d'or brochant (Challant brisé) ; l'inscription d'accompagnement se lit comme suit : Aym [e] chevalier des visconte (sic) d'Aouste et seigneurs de Challant seigneur de Cly (n° 19).

Les armoiries à côté, écartelée de la vicomté d'Aoste et de Challant, sont celles de Bozo chevalier vicomte d'Aouste, de Challant, de Graine, de Cly, de Fénix seigneur (n° 20). Il s'agit des deux frères de Godefroy I : le vicomte Aimon III, cité de 1232 à 1277, qui ne semble pas avoir eu de descendance mâle, et Boson IV, cité de 1232 à 1259, à l'origine de la branche des seigneurs de Cly.

Sur le mur adjacent de l'aile Ouest, apparaissent, de gauche à droite :

• le blason - écartelé de la vicomté d'Aoste et de Challant - d'Ebal "le Grand", fils de Godefroy Ier, cité de 1260 à 1323, dernier vicomte d'Aoste, avec l'inscription : E [bal de Challant vicomte d'Aou] ste , [de Ch] all [ant de] Graine de Fenix ????et de Montjovet seigneur (n° 21)

• l'écu – d'argent au chef de gueules à la bande de sable brochant – de Godefroy II, fils de Ebal, cité en 1281 e décédé en 1304, origine des seigneurs de Fénis et Ussel ; le blason est surmonté d'un chapeau rouge et d'un cartouche avec les lettres S.P.Q.R., et accompagné de l'inscription : [G]otef[roy de Ch]all[ant] ch[evalier] seigneur de Fenix d'Uss[el et de] Sainct Marcel senateur de Rome (n°22)

• entre les deux fenêtres, un rébus contenant la devise familiale dans l'interprétation de Georges de Challant : (Dieu) tout est et (le monde) n'est riens, où Dieu et le monde sont représentés respectivement par un triangle surmonté d'un visage qui regarde depuis les nuages, et un globe surmonté d'une croix (n°23)

• le blason – d'argent au chef de gueules à la bande de sable brochant – de Jean de Challant, également fils d'Ebal, cité en 1320 et 1376, ancêtre de la branche des seigneurs de Challant et de Montjovet, avec l'inscription : Jehan de Challant chevalier seigneur de Montjovet de Graine et de Chastillon (n °24)

Le registre inférieur, côté Nord de la tour, à hauteur des armoiries de Béatrix de Genève, porte les écus des frères Boniface II et Amédée, fils de Boniface I de Challant. Le premier, à gauche, est d'argent au chef de gueules à la bande de sable chargée en chef d'un annelet d'or brochant, avec l'inscription : Boniface de Challant chevalier seigneur de Fenix ??de Villarceil et de Montbreton. Boniface II, cité de 1409 à 1469, est à l'origine de la branche de Fénis (n°25). Amédée, à l'origine de la branche de Varey, porte d'argent au chef de gueules à la bande de sable chargée en chef d'un demi-vol d'or brochant ; sous l'écu, l'inscription : Ame de Challant chevalier seigneur de Varey, de [Re]tourtour et Uson, gouverneur de Chivax (n°26).

Dans le prolongement de ces deux armoiries, le mur de l'aile Ouest présente une séquence de personnages, tous portant d'argent au chef de gueules à la bande de sable brochant :

• Amédée de Challant, à l'origine de la branche d'Aymavilles, fils de Aimon de Challant, cité en 1377, décédé en 1423 ; inscription : Ame de Challant chevalier seigneur d'Aym[avil]le et de Chastel (n°27)

• Boniface I de Challant, frère du précédent, seigneur de Fénis, Varey, Montbreton, etc., Maréchal de Savoie, cité en 1368 et mort en 1426 ; l'écu est entouré du collier de l'ordre de l'Annonciade et accompagné d'un cartouche illisible (n°28)

• Aimon de Challant, père des deux précédents, bâtisseur du château de Fénis, cité entre 1318 et 1387 ; l'écu entouré du collier de l'ordre de l'Annonciade est accompagné d'une inscription aujourd'hui illisible mais transcrite fin XIX° : Aime de Challant chevalier segneur (sic) de Fenix de Varey Montbreton Retourtour et Uson, gouverneur de Nice (n°29)

• Yblet de Challant « le Capitaine », bâtisseur du château de Verrès, cité en 1351 et mort en 1409 ; l'écu, soutenu d'un collier de l'ordre de l'Annonciade, était commenté d'un cartouche aujourd'hui illisible, transcrit fin XIX°: Ibles chevalier seigneur de Challant de Graine Montiovet et Verrex Yssogne et Chastillon capitaine general de Piemont (n°30). Sous ce blason apparaît l'inscription (aujourd'hui presque effacée) Miroeyr pour les enfens de Challant, qui fait évidemment allusion au caractère exemplaire de l'évocation des gloires familiales pour les jeunes générations, mais se réfère surtout - étant donné la position asymétrique par rapport au mur - à Yblet lui-même, un "miroir" de vertus chevaleresques largement vanté dans les chroniques pour ses vertus civiles et militaires

• François, premier comte de Challant, fils d'Yblet, cité en 1389 et mort en 1442 ; l'écu est entouré du collier de l'ordre de l'Annonciade et dans le cartouche qui l'accompagne, seuls les mots François chevalier sont lisibles (n°31)

• Jacques, second comte de Challant, fils d'Amédée seigneur d'Aymavilles, cité en 1423 et mort en 1459 ; l'écu est accompagné de l'inscription : [Jacques chevalier conte de Challant seigneur] d'Aymaville [de Cha]stillon et Graine et [gouverneur de Ver]seil (n°32)


Comme dans le cas de la série de prélats ci-dessus, ce registre doit également être lu en partant du centre, c'est-à-dire à partir des écus des cousins Aimon seigneur de Fénis et Yblet seigneur de Montjovet, tous deux neveux d'Ebal "le Grand " et respectivement fils de Godefroy II le sénateur et de Jean, qui sont les trois personnages évoqués dans le registre supérieur immédiat : la lecture est purement dynastique.

L'écu d'Aimon, de la branche aînée de Fénis, a à sa droite (qui correspond à la gauche de l'observateur) le fils aîné Boniface Ier seigneur de Fénis, puis le puiné Amédée seigneur d'Aymavilles. Sur le mur Nord de la tour suivent les armoiries de Boniface II de Challant-Fénis et d'Amédée de Challant-Varey respectivement premier et second fils de Boniface I

A gauche de l'écu d'Yblet "le capitaine", de la branche de Montjovet, apparaissent successivement : les armoiries de son fils François, premier comte de Challant, qui remplaça son frère Jean – mort avant son père - en primogéniture de la branche, et son successeur Jacques, fils dudit Amédée d'Aymavilles, qui hérita du comté suite à la guerre contre sa cousine Catherine, fille de François et veuve de l'héritier désigné Jean de Challant, fils de Boniface II seigneur de Fénis.




Le corps central (façade VI)

Le corps central du château, qui, vu de face, forme l'écrin de la fontaine aux grenadiers, est dédié à l'étroite relation qui unissait la maison Challant à la dynastie savoyarde. Au-dessus, surplombe un écu de gueules à la croix d'argent, incliné et surmonté – pour autant qu'il soit encore possible de le distinguer - d'un casque supportant un cimier composé d'une tête de lion ailé et orné de lambrequins de gueules, et accompagné de une cordillère et avec la devise FERT répétée deux fois (n°33).

A la hauteur du premier étage se dresse le blason de Challant, déjà mentionné à plusieurs reprises, incliné, supportant un casque : le cimier est une hure de sanglier au naturel, surmonté d'une aile de basilic componée d'or et d'azur semées de besants d'or. Les lambrequins sont d'azur semé de besants d'or (n°34).

Au rez-de-chaussée, au-dessus de la fresque représentant Hercule et Antée, un grand blason parti, entouré d'une couronne végétale (probablement de grenade), porte les armoiries de Louis, troisième comte de Challant, et de son épouse Marguerite de La Chambre, qui est d'azur semé de lys d'or, à la bande de gueules brochante (n° 35).

De part et d'autre de ce dernier, deux autres paires d'armoiries relatives à René de Challant et à ses descendants ont été ajoutées, au cours des XVIe et XVIIe siècles :

• le blason de René, cinquième comte de Challant, cité dès 1513 et mort en 1565, fils de Philibert quatrième comte de Challant et nièces de Louis et Marguerite de La Chambre, est le premier à gauche ; entouré du collier de l'ordre de l'Annonciade et surmonté d'une couronne d'or sertie et ornée de seize groupes de trois perles chacun (neuf visibles), il est coupé : au I écartelé de la vicomté d'Aoste (d'or à l'aigle de sable) et de Challant ; au II écartelé de la principauté de Valangin (de gueules au pal d'or chargé de trois chevrons de sable) et de la baronnie de Bauffremont (vairé d'or et de gueules). La longue inscription qui l'accompagnait a aujourd'hui disparu, mais Nigra l'avait décelée en son temps : René comte de Challant, souverain seigneur de Vallangin baron de Boffremon et (sic) d'Amaville seigneur de Chastillon Verrex Grayne Yssogne St. Marcel Ussel Montault, chevalier de l'Ordre et maréchal de Savoye, lieutenant général en Savoye et Piémont (n° 36)

• le deuxième blason en partant de la gauche est celui de Charles Emmanuel Madruzzo, prince-évêque de Trente et huitième comte de Challant, fils d'Emmanuel René et de Philiberte de La Chambre, neveu de Jean-Frédéric Madruzzo et d'Isabelle de Challant, né (à Issogne) en 1599 et mort en 1658. L'écu est parti : a) de Madruzzo, qui est écartelé : bandé d'azur et d'argent, et de sable au mont de cinq coupeaux d'argent, chargé d'un chevron de gueules ; sur le tout (aujourd'hui presque effacé) d'or chargé d'un gonfanon à trois pendants de gueules ; b) tiercé en fasce : 1) parti d'argent à une aigle de sable membrée et becquée d'or et de Challant, qui est d'argent au chef de gueules, à une bande de sable brochant; 2) du Portugal, qui est d'argent à cinq écussons d'azur mis en croix, chacun chargé de cinq besants d'argent posés en sautoir, à la bordure de gueules chargée de sept châteaux de trois tours d'or; 3) de gueules à deux pals d'argent. Entouré d'un fleuron baroque, l'écu est accosté de deux mitres et surmonté d'une couronne ajourée à seize points d'or (neuf apparentes). Il était accompagné d'une inscription manquante, relevée par Nigra : Charles Emmanuelle (sic) de Madruzze evesque et prince de Trant comte de Challant (n° 37)

A droite du blason soutenu par les sirènes apparaissent deux autres blasons.

• Le premier appartient à Charlotte Christine Eleonor, fille de Gabriel Ferdinand Madruzzo et Bonne de Livron et nièce de Jean Frédéric Madruzzo et Isabel de Challant, cité de 1618 à 1670 et mariée en 1621 au marquis Charles de Lenoncourt. L'écu est : parti a) d'argent à la croix engreslée de gueules, qui est de Lenoncourt ; b) parti : 1) de Madruzzo ; 2) tiercé en fasce : a) parti d'or à une aigle de sable (vicomté d'Aoste) et de Challant ; b) du Portugal; c) de gueules à deux pals d'argent. L'écu est inscrit dans un cartouche et surmonté d'une couronne d'or à trente pointes (seize visibles), dont la moitié est surmontée d'un lys, sauf celle centrale, surmontée d'une fleur. L'nscription, aujourd'hui effacée, a été relevée par Nigra comme suit : Charlotte Cristine de Mandruzze dame souveraine de Valangin de Challant (sic) espousa Charles marquis de Lenoncourt grand maître de la roine et gouverneur de la province de St. Michel (n° 38).

• Le second est celui du fils de Charlotte, le marquis Henri de Lenoncourt, neuvième comte de Challant ; l'écu est [Description incomplète (NDLR)] : parti : a) parti : 1) de Madruzzo ; 2) tiercé en fasce : a) parti de la vicomté d'Aoste et de Challant ; b) de gueules à la bande d'argent accompagnée de six besants d'or. L'écu est contenu dans un cartouche et surmonté d'une couronne fleurdelysée de seize pointes (neuf visibles). L'inscription qui l'accompagne, déchiffrée par Nigra et aujourd'hui illisible : Hanry (sic) marquis de Lenoncourt comte du (illisible) de Challant et de Madruzze, baron de Beaufremont d'Amaville et de Trougnon, seigneur de Serre et de Grane (n°39)




Les alliances matrimoniales (façades VII à IX)

Sur les trois autres murs qui clôturent la cour au Nord et à l'Est se déploie une longue frise des écus partis évoquant les alliances matrimoniales des Challant avec les familles les plus importantes des États savoyards et des régions voisines. Ici aussi, une logique rigoureuse est suivie, parfois chronologique et généalogique, et les armoiries de chaque famille alliée ne sont représentées, en principe, qu'une seule fois.

Comme le mur Nord de la cour qui porte les grandes armoiries de la Maison de Savoie, ceux qui suivent à droite réservent le deuxième étage du château aux blasons des princes. Sur l'étroit mur Est du corps central qui donne sur la cour, on peut apercevoir, en haut, un écu avec, à droite, la croix d'argent sur fond de gueules ; le champ gauche est illisible et peut-être n'a-t-il jamais été peint (n°40). Une fresque allégorique le domine : en 1976 un lion ailé (ou peut-être un griffon) à droite, et un deuxième animal (peut-être un cheval) à gauche, étaient encore faiblement visibles, soutenant ce qui semble être un autre blason plus petit, surmonté d'une couronne.

Sous le précédent, deux autres écus sont visibles : celui à gauche de l'observateur est de gueules à la croix d'argent, brisé d'une cotice en barre de sable brochant, et appartient à René de Savoie dit le Grand Bâtard, comte de Tende (mort en 1525) (n°41). L'autre est d'argent au chef de gueules, et fait probablement référence à la duchesse Blanche de Montferrat, épouse puis veuve du duc Charles Ier de Savoie, régente du duché pour son fils cadet Charles Jean Amédée de 1490 à 1496 (n° 42)

Sur le mur adjacent, au même niveau, on devine la trace d'un blason aujourd'hui disparu (n°43). Et au-dessus de la partie inférieure du toit, sur le court pan de mur qui correspond aux combles, on peut voir un autre écu portant les traces d'une bande : il s'agissait certainement d'un énième blason de Challant (n° 44).

La séquence généalogique des armoiries des alliances Challant débute un niveau plus bas, à la hauteur des grandes armoiries familiales qui apparaissent sous les grandes armoiries ducales, sur le petit côté du corps central tourné vers l'Est. On retrouve les deux premiers blasons à gauche, appartenant à des membres masculins de la famille. Le premier est celui du vicomte d'Aoste Ebal "Le Grand" et de son épouse Catherine de Clermont : de gueules à deux clefs d'argent posées en sautoir (n° 45).

le second pose problème : compte tenu de sa position, il devrait s'agir des armoiries du fils d'Ebal, Godefroy II, sénateur de Rome et de son épouse Beatrice Fieschi, qui porte : bandé d'azur et d'argent. Les très rares restes de couleur encore visibles, suggèrent cependant une bichromie argent-gueules et excluent un champ bandé. il est donc probable que ce soit le fils aîné de Godefroy lui-même, Ebal "le Jeune" (1318-1354), fondateur de la branche des seigneurs d'Ussel et de Saint-Marcel, avec sa femme Françoise de Quart, qui porte : d'argent à la porte flanquée de deux tours de gueules, à l'ours de sable passant au cœur (n°46).

A peu près à la même hauteur, sur le mur perpendiculaire au précédent où s'ouvre la porte qui donne accès à l'escalier principal, sont représentées les armoiries de :

• Aimon de Challant (1318-1387), seigneur de Fénis et d'Aymavilles, fils de Godefroy II, et son épouse Florina Provana di Leyni, qui porte écartelé de gueules à la colonne d'argent couronnée d'or, et d'argent à trois feuilles de vigne de sinople, maintenant presque complètement effacé (n°47).

• Boniface I de Challant (1368-1426), seigneur de Fénis, fils du précédent, et son épouse Françoise de Roussillon, qui porte de gueules à une aigle d'argent couronnée d'or.[Rietstap : Roussillon-Bouchage D'or, à l'aigle de gueules. (Alias: avec l'aigle d'argent sur gueules). NDLR] (n°48)

• Boniface II de Challant (1409-1469), seigneur de Fénis, fils du précédent, et sa deuxième épouse Marie de Coligny, qui porte de gueules à une aigle d'argent couronnée d'or [de gueules, à l'aigle d'argent, becquée, membrée et couronnée d'azur, NDLR] (n°49)

La série continue au-dessus du portique sur le mur qui ferme la cour à l'Est :

• Amédée de Challant (1410-1473), seigneur de Varey, frère du précédent et père du prieur Georges, et son épouse Anne de la Palud, qui porte de gueules à la croix d'argent chargée de six mouchetures d'hermine (n°50)

• Amédée de Challant (1377-1423), seigneur d'Aymavilles, fils d'Aimon et oncle du précédent, et sa femme Louise de Miolans, qui dont les armes sont écartelé bandé d'or et de gueules et de gueules à une aigle d'argent (n°51)

• Jean de Challant (1387-1410), seigneur de Challant et Montjovet, fils d'Yblet « le Capitaine », et son épouse Audisette de Saint-Georges, dont le blason est de gueules à un chevalier monté et armé de toutes pièces, brandissant une épée [le tout d'argent NDLR] (n°52)

• Guillaume de Challant (1431-1457), seigneur de Fénis et Montbreton, fils de Boniface II, et sa femme Jacquemette d'Allinges qui porte de gueules à une croix d'or (n°53)

• Jacques de Challant (1423-1459), second comte de Challant, fils d'Amédée seigneur d'Aymavilles, et son épouse Jeanne Andrevet de Corsant dont les armes sont fascées d'argent et de gueules à la bande de sable brochant (n°54)

• François de Challant (1389-1442), premier comte de Challant, fils d'Yblet « le Capitaine », et sa femme Françoise Maréchal de Meximieux, qui porte d'or à la bande de gueules accompagnée de six coquilles d'azur. (n°55)

• Boniface II de Challant (1409-1469) avec sa première femme Louise de Billens, qui porte de gueules à la bande d'or, accompagnée de deux cotices d'argent (n°56)

• Jacques de Challant (1455-1499), seigneur d'Usson et Retourtour, fils d'Amédée seigneur de Varey et frère du prieur Georges, et sa femme Jeanne du Saix, qui porte écartelé d'or et de gueules (n°57)

la série généalogique continue sur l'avant-corps qui correspond à l'accès au château, en haut, où l'on peut voir :

• un blason non identifiable, parti de Challant et dont la partie senestre est illisible (n°58)

• Humbert de Challant (1466-1513), seigneur de Fénis et de Montbreton, fils de Guillaume, et sa femme Charlotte de Clermont, qui a comme arme de gueules à deux clefs d'argent posées en sautoir (n°59)

• François de Challant (1414-1465), seigneur d'Ussel et Saint-Marcel, fils de Pierre, et sa femme Bonne de Gingins, qui porte écartelé d'argent semé de billettes de sable au lion du même armé, lampassé et couronné de gueules brochant sur le tout (qui est de Gingins) et d'azur aux trois broyes d'or liées de gueules, l'une sur l'autre, au chef d'argent chargé d'un lion issant de gueules, couronné et lampassé d'or (qui est de Joinville) (n°60)


Pour retrouver la suite de la généalogie, il faut remonter au mur oriental du corps central, où, dans le frise inférieur, en correspondance avec les armoiries disparues de Louis, troisième comte de Challant, et de Marguerite de La Chambre, il y a celui de leur fils Philibert (1487-1517), quatrième comte de Challant, et de sa femme Louise Aarberg de Valangin, qui porte un écu écartelé de gueule au pal d'or, chargé de trois chevron de sable et vairé d'or et de gueules (n°61).

Le blason du comte Philibert est le dernier des blasons faisant référence aux descendants mâles de la famille ; suivent ceux des dames, parallèles aux hommes sur les mêmes murs, sur les deux frises décoratives inférieures.

La série commence sur le mur du bâtiment qui contient l'escalier principal : à la hauteur du premier étage sont peintes les armoiries de Catherine de Challant-Montjovet (1405), fille d'Yblet "le Capitaine" et épouse de Antoine Fieschi, qui porte bandé d'azur et d'argent (n° 62).

En bas, entre les fenêtres du premier étage de l'aile Est, les armoiries de :

• Bonne de Challant-Montjovet (1402-1405), fille de François, premier comte de Challant et femme de Jean de Montbeldi Frossasco, qui porte d'or au lion de sable, armé et lampassé de gueules, à la bande componées de gueule et d'hermine de quatre pièces brochant (n°63)

• Béatrix de Challant-Fénis (1377), fille d'Aimon et femme d'Antoine de Valperga, qui porte de gueules à deux fasces d'or à une plante de chanvre arrachée et feuillée avec trois pièces d'argent (n°64)

• Antoinette de Challant-Fénis (1482-1499), fille du comte François et femme de Jacques de Vallaise, qui porte de gueules à deux fasces d'argent la première chargée d'une croisette potencée accostée de deux étoiles de huit rais, le tout de gueules (n°65)

• Marguerite de Chalant-Montjovet (1400-1435), fille d'Yblet « le Capitaine » et femme de René Saint-Martin de Strambino, dont l'écu est écartelé fuselé d'or et d'azur et de gueules plain (n°66)

• Marguerite de Challant, fille d'Aimon seigneur de Fénis et d'Aymavilles, femme de Jean de Castellamonte, qui porte d'azur au mont de trois coupeaux d'or, chacun chargé d'un trèfle de sinople, et surmonté d'un oiseau sans tête du même (n°67)

La frise la plus basse débute sur le mur Est du corps central et continue à côté du porche qui mène à l'escalier principal, puis au-dessus des arcades du portique ; on retrouve dans l'ordre, de gauche à droite, face à l'observateur :

• Catherine de Challant-Fénis (1421-1459), fille de Boniface I et tante du prieur Georges, avec son mari Urbain de Chevron-Villette, qui porte d'azur au chevron d'or bordé de gueules et accompagné de trois lionceaux du second, armé et lampassés de gueules, les deux du chef affrontés (n°68).

• Les deux sœurs du prieur Georges : Françoise de Challant-Varey (1455-1468) avec son mari Bertrand de Duin de La Val d'Isère, qui porte d'or à la croix de gueules (n°69) ; et Marguerite de Challant-Varey (1466-1501) et son deuxième mari Bernard de Menthon qui porte de gueules au lion d'argent armé et lampassé d'azur, à la bande d'azur brochant (n°70).

• Françoise de Challand-Aymavilles (1487-1492), fille de Louis, troisième comte de Challant, et son mari Andrea Ferrero di Masserano, qui porte d'argent au lion d'azur, armé et lampassé de gueules (n°71)

• Jeanne de Challant-Varey (1456), fille d'Amédée et sœur du prieur Georges, et son mari Humbert de Montagny, dont l'écu est palé d'or et de gueules au chef d'argent (n°72)

• Antoinette de Challant-Varey (1476-1499), fille de Jacques et nièce du prieur Georges, et son mari Antoine de Varax, qui porte écartelé de vair et de gueules (n°73)

• Perronette de Challant-Fénis (1431-1450), fille de Boniface II, et son mari André de Grolée de Pessins, qui porte gironné d'or et de sable, le premier giron chargé d'un croissant de gueules (n°74)

• Jacquemine de Challant-Fénis (1431-1482), fille de Jean et de Catherine de Challant et nièce de la précédente, avec son mari Louis de Nus, qui porte de gueules à six fleurs de lys d'or, 3, 3, chacun surmonté d'une rose d'argent (n°75)

• Antoinette de Challant-Fénis (1450-1482) sœur de Péronette et tante de la précédente, avec son mari Antoine Sarriod de la Tour, qui porte : d'argent à la bande d'azur chargée de trois lionceaux d'or, armé et lampassé de gueules et accompagné en chef d'une tour du même maçonné de sable (n°76)

• Jacquemette de Challant-Montjovet (1405-1444), fille de Jean, et son mari Aimon de Châteauvieux, qui porte écartelé de gueules a trois fasces ondées d'or et de gueules à une fleur de lys d'or (n°77)

• une Challant non identifiable, puisque sans les armes du mari, annulées ou jamais réalisées.




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Heraldys - Le Blason des Écus