Nous traduisons ici quelques pages du préambule du livre d’Anselmo Braamcamp Freire, les blasons de la salle de Cintra (1)
« Pour finir ce préambule, je présenterai la liste des familles dont les blasons trouvèrent leur place dans la salle des cerfs. Dans l’immédiat, je ne ferai que préciser que les armes de Tavoras ont été effacées , en conséquence de la fameuse sentence (2), et que l’on peut à peine les distinguer (3). Et que celles des Coelhos ont complètement disparues, non pas parce qu’elles auraient été arrachées mais parce que la pourriture a réduit en poussière les planches sur lesquelles elles étaient peintes.
[…]
La salle est approximativement carrée (14 x 13 mètres). La base du plafond est un octogone, réalisé en coupant les angles de la salle, et se termine en coupole.
Tout autour de l’octogone, la frise est composée d’une rangée de panneaux, chacun représentant un cerf, portant un écu pendu à son encolure et un timbre entre les bois, le tout encadré d’une moulure. Chaque côté de l’octogone présente quatre cerfs, la frise comporte donc trente-deux blasons. Ceux-ci sont complétés par seize autres panneaux de même taille, quatre sur chaque mur, disposés juste en dessous de ceux de la frise. Enfin, dans chacun des quatre coins de la salle, sous les arcs des angles-coupés de l’octogone, sont positionné six autres cerfs avec leurs blasons, soit vingt-quatre blasons supplémentaires.
En résumé, il y en a trente-deux sur la frise qui fait le tour de la pièce, puis seize sur les quatre murs de la salle et enfin vingt-quatre sous les arcs des angles-coupés de l’octogone, en tout soixante-douze blasons.
Au delà de ceux-ci, il y a d’autres blasons qui ne pendent pas sur l’encolure de cerfs, mais qui sont disposée au dessus, sous la coupole : au centre, les armes du roi, qui était alors Manuel Ier. Tout autour, huit de ses enfants.
La pièce présente six fenêtres, positionnées deux à deux sur chacun des trois murs. Une autre fenêtre est placé sur le quatrième mur, et, dans un coin, seulement une porte.
Lorsqu’il rentre dans la pièce, le visiteur voit rapidement à sa droite, sur la frise au dessus de l’angle-coupé [au nord-est], les armes des Noronhas [n° 1 sur le plan ci-dessous].
Puis il lit la frise vers la gauche, faisant ainsi le tour de la pièce jusqu’à arriver au blason des Corte-Reaes [n° 32], qui jouxte le premier cerf. Il convient alors de passer à la série de cerfs positionnés sur les murs, sous la frise, en commençant par les Lemos [N° 33, sur le mur nord], et toujours par la gauche, jusqu’aux Soutomaiores [n° 48]. Il reste alors à voir les blasons qui sont dans les coins de la salle, en commençant par l’angle sous les armes des Noronhas [angle nord-est], avec celles de Lobatos [n° 43], en faisant le tour, toujours par la gauche, jusqu’à terminer avec les Borges [n° 72], le dernier blason juste au dessus de la porte d’entrée.
Plus haut, au-dessus de ces cerfs qui portent les blasons, on peut en voir huit autres bien plus grands, mais qui ne portent aucune armes, seulement un listel blanc enlacé dans les bois. Ces cerfs, dans différentes postures, sont peint sur un lambris encadrés de volutes et moulures, entre la ligne des blasons et les armes des infants.
Une partie du plafond nous est présentée sur un dessin très précis de l’architecte allemand Albrecht Haupt, l’un des rares voyageur à ne pas se faire abuser par de fausses informations : il décrit et dessine ce qu’il voit. Aujourd’hui, nous avons aussi la chance de pouvoir admirer la belle reproduction de ce plafond publiée par le Conde de Sabugosa dans son livre « O Paço de Cintra ».
Enfin, je propose ici une espèce de plan du plafond de la Salle des Armes, afin que la disposition des blasons soit plus claire et, ensuite, je donnerai la liste de ces blasons en se rapportant aux lettres et numéros de ce plan.
En dessous de toute la peinture, sur la frise des murs, il est écrit en grandes lettres dorées :
POIS COM ESFORCOS LEAIS SERVICOS FORAM GANHADAS COM ESTAS E OUTRAS TAIS DEVEM DE SER CONSERVADAS |
CAR AVEC DE LOYAUX EFFORTS DES SERVICES FURENT GAGNES AVEC CEUX-CI ET D'AUTRES SE DOIVENT D’ETRE PRESERVES |
A ma connaissance, personne n’a nommé l’auteur de ces vers, ce en quoi, il me semble, nous perdons peu.
Ainsi est l’ordre et la manière avec lesquels ont été peintes les armes des nobles portugais de la Salle de Cerfs du Palais de Cintra. Cet ordre, comme je l’ai déjà précisé, est le même que celui proposé par Antonio Rodrigues dans son livre « Armeiro-mor » et que Antonio Godinho a suivi dans l’autre livre de la Torre do Tombo (4) »
(1) Anselme Braamcamp Freire, livro I° dos Brasoes da Sala de Cintra – Preambulo, page 30 et suivantes – 2a édiçao – COIMBRA – Imprensa da Universidade – 1921